Ma dame Eboshi.
Reportage sur l’intime
Cette série représente un univers intimiste, où la relation de dominance entre l’animal de compagnie et son maître s’efface et laisse place à une relation familiale. Juste deux êtres vivants qui partagent un même espace de vie.
Ce travail sur l’intime parle alors de cette relation, qui pour beaucoup est invisible, voire invisibilisée ou incomprise. Il vient aussi questionner le rapport que nous avons avec l’image de la famille, souvent biaisé par ce schéma (issu de notre système de société patriarcal et hétéronormé) : homme / femme / enfant. Au contraire, la famille peut prendre des formes diverses et variées !
En voici donc ma version.
Flou et léger, ce reportage hors du temps raconte un bout de ma vie.
C’est notre histoire avec Eboshi.
Bienvenue chez nous !
Bienvenue chez nous !
Mise en contexte.
Ma série a commencé avant le premier confinement et s’est développée au fil de cette drôle de période de pandémie. Elle se poursuit toujours aujourd’hui sur un rythme et sous un angle différent.
Bien que nettement influencée par le confinement et ses effets, je voudrais que ce reportage soit compris au-delà du prisme de la “série confinement”. Ces photos parlent avant tout de notre histoire avec Eboshi, qui a commencé bien avant cette fameuse date du 17 mars 2020. Elles racontent un quotidien, ici bouleversé par l’épisode de pandémie, et cherchent à mettre en lumière une relation qui apparaît comme invisible pour une majorité.
Plus loin sur cette page, dans “Genèse et anecdotes”, je vous raconte comment toute cette série a vu le jour.
Toutes les photos présentées ici ont été réalisées dans mon ancien appartement à Rennes, aux mois de mars et avril 2020.
1 - La maison à deux.
J’ai adopté Eboshi en juin 2018. Elle a toujours été très collante. Dès le premier jour elle est devenue comme ma petite ombre. Née un 14 février, pas si étonnant qu’elle ait cet infini besoin d’amour. En tout cas on ne s’est jamais quittée depuis. Toujours ensemble à la maison.
2 - Lien partagé.
On a toujours été deux, et nous voilà trois pour quelques jours voire quelques mois. Unies par le temps, l’espace et l’ennui, on est ensemble comme à l’infini. C’est l’arrivée de Julia.
3 - Aux limites de la maison.
Prise par le vide de notre petite prison dorée, on décide de quitter un peu la maison pour mieux y revenir. Et pour la première fois, Eboshi ose franchir la porte pour mettre ses pattes dans l’herbe. À la rencontre du soleil et des voisins, voici nos aventures au jardin.
4 - Absurde.
Occupées par l’ennui, nous voilà piégées dans ce monde ridicule. Mais où est passé le temps ? On l’attend pourtant, on tourne en rond.
Nous voilà perdues dans l’absurde.
Genèse & Anecdote
Tout commence en 2020 quelques semaines à peine avant le premier confinement. Cette année-là j’étais encore à l’école, en première année de formation photo. Nous devions rendre un petit reportage sur l’intime qui avait pour thème : “La famille, la tribu”.
À l’époque je venais d’emménager à Rennes. Je n’avais encore aucun·e ami·e et ma famille était bien trop loin pour envisager ce genre de projet. Je me souviens de ce moment où j’ai levé la main, le cœur tout ramolli : “ Il existe un plan B pour les personnes qui n’ont ni famille, ni tribu… ? ” À ce moment précis j’ai eu honte, sans savoir pourquoi. J’ai aussi eu peur d’être jugée ou pire, moquée.
En tout cas je me souviendrai toujours du regard gêné de ma prof. Ce n’était pas la première fois qu’elle proposait ce sujet à ses élèves, mais quelque chose me dit qu’on ne lui avait encore sûrement jamais posé cette question. Je l’avais prise au dépourvu. Elle a fini par me dire, avec beaucoup de bienveillance, qu’on trouverait une solution ensemble.
Ce soir-là je suis rentrée chez moi et j’ai eu le déclic. Je n’avais aucun·e am·ie dans cette ville et pourtant, quelqu’un m’attendait à la maison. Sur le bas de ma porte j’entendais déjà les ronrons. Ma dame Eboshi, cette petite siamoise adorable et très collante ; C’était elle ma famille.
Puis me voilà au 17 mars 2020. Confinée seule dans ma petite boîte de 18 m², je décide de m’évader un peu en continuant ce projet. Chaque jour devient une nouvelle aventure amusante où je redécouvre mon appartement, ma petite boule de poils, mais aussi moi-même et ma créativité.